Châtaigne et châtaigners en Corse

Les châtaigniers séculaires sauveront la Corse de bien des disettes et des famines. Véritable arbre nourricier, son fruit sera accommodé de différentes façons. Salé. Sucré. Dans les régions d’Orezza, Cervione, Alesani, les repas de noces ne comptaient pas moins de vingt-deux mets différents tous apprêtés à la farine de châtaigne. Son goût si particulier, âcre et fumé, vient du séchage des châtaignes au « fucale ». Depuis toujours, et ce, malgré l’évolution des techniques, le ramassage des châtaignes et la fabrication de la farine n’ont pas changé. C’est à l’aube que, munis d’un déjeuner frugal, les montagnards partent ramasser les châtaignes. Il a fallu auparavant, couper les hautes fougères au pied des châtaigniers. Le sol ainsi nettoyé peut recevoir les bogues renfermant le fruit précieux. Aujourd’hui, luxe de notre époque, le ramassage des châtaignes peut se faire avec des gants, mais il n’en fut pas toujours ainsi, et il suffit d’entendre raconter les plus âgés pour imaginer les douloureuses piqûres sur les doigts engourdis.

Les châtaignes, transportées dans le grenier de la maison, sont étalées sur le plancher composé de lattes de bois, la « grata », espacées entre elles de quelques centimètres. Durant un mois, elles vont subir l’action conjuguée de la fumée et de la chaleur montant de la fucale.